SSE #150: Méthodes d'évaluation alimentaire pour l'athlète: avantages et inconvénients des différentes méthodes

Louise M. Burke

POINTS PRINCIPAUX

  • Différents protocoles sont disponibles pour recueillir les données sur les pratiques alimentaires des athlètes conformément aux objectifs et aux ressources disponibles de l'activité.
  • Les méthodes rétrospectives (par exemple, les questionnaires sur la fréquence d'alimentation et l'historique alimentaire) sont limitées par le point de vue et la mémoire de l'athlète, alors que les méthodes prospectives (par exemple, les journaux alimentaires) sont limitées par la tendance de l'acte d'enregistrement à altérer la consommation habituelle.
  • Les journaux alimentaires représentent une méthode d'évaluation diététique fréquemment utilisée dans la recherche le soutien aux athlètes, mais il convient de vérifier qu'ils ne présentent pas le biais fréquent de sous-déclaration.
  • Les nouvelles technologies offrent le potentiel de protocoles d'évaluation alimentaire plus rapides et plus efficaces, mais, comme toutes les méthodes, elles doivent être validées pour l'utilisation avec les populations athlétiques.

INTRODUCTION

Étudier ce que mange un athlète est une activité quotidienne pour un diététicien du sport. On pourrait donc s'attendre à ce que la pratique en fasse une tâche efficace. Mais l'évaluation alimentaire reste un défi dans la nutrition sportive, avec un potentiel d'erreurs important concernant la validité et la fiabilité. Ces erreurs posent un problème pour la précision des estimations de ce que l'athlète a réellement mangé, ou de ce qu'il mange habituellement, et peuvent également empêcher la détection d'un changement réel si une évaluation est répétée. Développer de l'expertise dans cette activité une prise en considération des différentes raisons à l'origine d'une évaluation, des différentes approches permettant de la mener à bien et des différents outils qui peuvent être utilisés. Par conséquent, le résultat peut être amélioré en choisissant la meilleure approche pour chaque situation spécifique. Néanmoins, il est également nécessaire de prendre en compte les erreurs inhérentes à une évaluation alimentaire lors de l'interprétation des données recueillies. Cet article de Sports Science Exchange présente les options ainsi que les connaissances disponibles sur la façon dont les résultats d'une évaluation doivent être lus à la lumière des limitations résiduelles. Il doit être rappelé que la plupart des études portant des méthodes d'enquête diététique ont été menées sur des populations non athlétiques; par conséquent, une partie des commentaires est par nécessité fondée sur l'expérience professionnelle plutôt que sur une recherche approfondie.  D'autres renseignements généraux sur la méthodologie de l'enquête diététique sont disponibles dans les excellentes études de Bingham (1991) et Thompson et Subar (2008).

RAISONS POUR LE RECUEIL DES RENSEIGNEMENTS DIÉTÉTIQUES

Deux scénarios de base expliquent pourquoi les athlètes pourraient vouloir recueillir des renseignements sur leur consommation alimentaire. Dans le premier scénario, il s'agit de mesurer ce qu'un athlète mange réellement pendant une période où il fait ses propres choix. Le principal objectif de cette activité, généralement appelée évaluation alimentaire, consiste à étudier ce qui se passe sans influencer le processus. Ce scénario a lieu pour la nutrition sportive pour une variété de situations à la fois dans le traitement de la recherche et de l'athlète, chacun étant confronté à ses propres difficultés et ayant ses objectifs spécifiques (Tableau 1). Généralement, les méthodes d'évaluation alimentaire sont divisées en stratégies rétrospectives (ce que l'athlète a mangé) et prospectives (ce qui arrive dans une période à venir). Quatre méthodes principales ont été utilisées dans les 50 dernières années pour évaluer les pratiques alimentaires des athlètes (Tableau 2).

Le deuxième scénario, connu généralement sous le nom de suivi ou d'autosurveillance de l'alimentation, tire avantage de la limitation liée à de nombreuses méthodes d'évaluation alimentaire, à savoir que la personne change sa consommation alimentaire pendant le processus où il est surveillé. Un outil clé dans aider un athlète à modifier ses pratiques alimentaires consiste à le sensibiliser davantage à son comportement et aux facteurs qui sous-tendent celui-ci. Un athlète est enclin à améliorer ses choix alimentaires et le contrôle quantitatif lorsqu'il observe ses actions en temps réel ou qu'il associe directement son comportement à un résultat donné. Recevoir une rétroaction positive sur les améliorations en matière de pratiques alimentaires et identifier les facteurs qui favorisent ces améliorations peuvent être des stratégies efficaces pour consolider les nouvelles habitudes. Les protocoles et les outils utilisés pour les activités de suivi alimentaire peuvent différer de ceux utilisés dans l'évaluation alimentaire à cause de la différence au niveau des objectifs, et sont abordés dans un autre article de Sports Science Exchange.

MESURES RÉTROSPECTIVES DE LA CONSOMMATION ALIMENTAIRE

Les méthodes rétrospectives comprennent l'historique alimentaire (un entretien guidé généralement utilisé pour comprendre la consommation habituelle, souvent au cours d'une journée typique), le rappel de 24 heures (qui étudie la consommation au cours d'un jour spécifique) et le questionnaire relatif à la fréquence de consommation alimentaire (un résumé de la consommation habituelle de différentes catégories d'aliments). Un principe général commun à ces techniques est qu'elles dépendent étroitement de la capacité de l'athlète à se rappeler les types et les quantités d'aliments et de boissons consommés pendant la période concernée. Ces méthodes posent problème lorsqu'un athlète est gêné ou qu'il ne veut pas révéler ses véritables habitudes alimentaires, ou s'il ne parvient pas à donner de bonnes descriptions du type et de la quantité des aliments qu'il a consommés. Le rappel de 24 heures est le protocole le moins utilisé parce que les situations de la pratique de l'athlète ou de la recherche dans lesquelles nous ne nous préoccupons que de ce qui s'est passé au cours d'une seule journée ne sont pas aussi communes que les autres centres d'intérêt. Les questionnaires sur la fréquence de la consommation alimentaire et les historiques alimentaires tentent généralement d'évaluer la consommation sur des périodes plus longues, ce qui permet de mieux comprendre les habitudes alimentaires à plus long terme. Cependant, ces techniques reposent sur la mémoire de l'athlète et son point de vue sur sa consommation réelle, elles peuvent donc être inefficaces si l'athlète n'a pas bonne mémoire ou s'il a un mode de vie difficile à résumer. 


L'historique alimentaire est généralement utilisé par les diététiciens du sport pour avoir une idée initiale sur les pratiques alimentaires de l'athlète. Bien que cette méthode ne permette pas en elle-même d'obtenir une évaluation quantitative précise de la consommation alimentaire, elle est précieuse pour comprendre les habitudes liées aux repas, aux collations, à la consommation dans les périodes proches des séances d'entraînement/événements et au recours aux apports alimentaires. Elle nécessite une maîtrise de la technique d'entretien pour recueillir les renseignements avec le minimum de biais, recouper l'information et rechercher les facteurs qui contribuent aux habitudes alimentaires. Bien qu'elle soit limitée par la capacité de l'athlète à décrire exactement les quantités habituelles de leurs choix en matière d'aliments et de boissons, l'utilisation des modèles ou des images des portions alimentaires peut aider l'athlète à mieux décrire les quantités qu'il consomme.

Les questionnaires sur la fréquence de la consommation alimentaire peuvent être mis en œuvre par un intervieweur formé, mais peuvent également être gérés par l'athlète lui-même, en utilisant un format papier ou un format électronique pour économiser du temps et des ressources. Demander aux athlètes d'identifier à quelle fréquence ils consomment certains aliments et boissons permet d'obtenir un résumé du régime total, mais tend à surestimer la consommation chez les consommateurs à faible énergie et sous-estimer la consommation chez les gros mangeurs. Plus important encore, cela risque d'écarter certains renseignements qui intéressent les diététiciens du sport : par exemple, un si aliment ou une boisson est consommé(e) et ce qui est consommé en même temps. Les questionnaires de fréquence de la consommation alimentaire sont utiles surtout pour évaluer la consommation d'un nutriment ou d'un facteur alimentaire d'intérêt, par exemple les antioxydants ou le calcium, où, dans des conditions idéales, ces questionnaires ont été validés en comparant les réponses à un biomarqueur de la consommation ou du niveau nutritionnel du composé (Braakhuis et al., 2001). Encore une fois, les modèles ou les images des aliments et les quantités des portions peuvent améliorer l'exactitude de l'identification ou de la quantification de la consommation alimentaire.

 

MESURES PROSPECTIVES DE LA CONSOMMATION ALIMENTAIRE : LE JOURNAL ALIMENTAIRE  

Le journal alimentaire ou l'enregistrement du régime est le protocole d'évaluation alimentaire le plus répandu dans la recherche et la pratique relatives à la nutrition sportive.  Demander à un athlète de consigner ce qu'il consomme pendant une période donnée peut sembler une tâche facile, mais en réalité, il peut être très complexe de tirer des renseignements significatifs de cet exercice. Les journaux alimentaires se proposent de surveiller la consommation sur une période spécifique qui représente une période d'intérêt généralisée. Cette période peut varier d'un programme alimentaire à court terme (par exemple, la période de 48 heures avant de suivre l'étude ou la consommation d'un cycliste pendant une course à étapes de plusieurs jours) au régime habituel de l'athlète. Les variations dans la technique du journal alimentaire traditionnel comprennent le nombre de jours enregistrés et la méthode de quantification des aliments (par exemple, les techniques de pesage directes ou la description via les mesures et les dimensions domestiques courantes). Les méthodes d'enregistrement traditionnelles utilisant du papier et un stylo représentent une charge pour l'athlète et présupposent qu'il est lettré, motivé et suffisamment organisé pour enregistrer fidèlement sa consommation pendant la période concernée.

Les évaluations prospectives comportent plusieurs sources d'erreur :

a) L'athlète modifie ses habitudes alimentaires ou choix d'aliments pendant la période d'enregistrement du journal alimentaire, ce qui ne permet pas de refléter sa consommation habituelle.

b) L'athlète enregistre sa consommation alimentaire de façon inexacte pour améliorer la perception de ce qu'il mange (c'est-à-dire qu'il omet ou sous-estime la consommation d'aliments ou de repas considérés comme non souhaitables, ou indique de façon erronée la consommation d'aliments considérés comme souhaitables).

c) L'athlète fait des erreurs de quantification ou de description dans l'enregistrement de sa consommation alimentaire.

Les protocoles de journaux alimentaires impliquent généralement des compromis. Par exemple, l'enregistrement des aliments pesés offre de la confiance dans l'exactitude de l'information quantifiée.  Cependant, l'obligation de peser tous les aliments, y compris les composants des repas, accroit la charge sur l'athlète et provoque généralement des changements dans la consommation alimentaire, ce qui inciterait l'athlète à choisir des aliments plus faciles à traiter ou à sauter complètement le repas. Un autre compromis concerne la durée du journal alimentaire :  une augmentation du nombre de jours d'enregistrement augmente la probabilité qu'il représente la consommation habituelle, mais réduit la conformité montrée par le sujet concernant le maintien d'un enregistrement exact.

Dans la population générale, un journal alimentaire de 3 à 4 jours est souvent considéré comme le « juste milieu » pour étudier la consommation d'un groupe, mais il n'est généralement pas reconnu qu'il donne une estimation médiocre de la véritable consommation des personnes. Parce que nous mangeons différemment de jour en jour, il existe une grande variabilité dans notre consommation quotidienne d'apports énergétiques et de nutriments. Certaines caractéristiques sont stables, alors que d'autres nutriments sont moins uniformément distribués dans les aliments, ce qui signifie que les consommations quotidiennes varient considérablement et affectent la précision de l'évaluation par rapport au journal alimentaire (Basiotis et al., 1987; Braakhuis et al., 2003). Une étude portant sur la population générale (Basiotis et al., 1987) suggère que 1) 14 à 30 jours d'enregistrements peuvent être nécessaires pour évaluer la consommation par une personne des nutriments les plus stables dans 10 % de sa véritable consommation à long terme, 2) au moins 7 jours sont nécessaires pour classer les personnes dans un groupe comme étant de gros ou faibles consommateurs, et 3) plusieurs ordres d'ampleur sont nécessaires pour évaluer avec précision la consommation de nutriments variables par une personne donnée. Par ailleurs, 4) avoir au moins 15 sujets dans une étude permettrait d'obtenir une évaluation raisonnable de la consommation moyenne du groupe en matière de nutriments stables (apport énergétique, glucides) au cours de 4 à 5 jours d'enregistrements, 5) les nutriments modérément stables (par exemple, le fer) pourraient nécessiter de doubler la taille de l'échantillon ou les jours d'enregistrement, et 6) les nutriments très variables (par exemple, les vitamines A et C, le cholestérol) pourraient nécessiter >40 jours ou >200 sujets pour obtenir une évaluation précise (Basiotis et al., 1987). Un moyen pratique pour obtenir un intervalle d'enregistrement plus long est de demander aux groupes ou aux personnes de conserver plusieurs enregistrements courts sur une période donnée, accumulant ainsi le nombre de jours enregistrés tout en réduisant la baisse de conformité de l'enregistrement.

Quelques études ont examiné la question de la période d'enregistrement optimale pour les athlètes en s'intéressant systématiquement aux problèmes de conformité de l'enregistrement ou à la variabilité entre les jours dans la consommation d'aliments/nutriments. L'expérience professionnelle suggère que certains athlètes sont appliqués, voire minutieux, dans l'enregistrement des données, habitués à mesurer les aspects de leur vie avec les détails exacts et motivés par l'idée que l'activité pourrait produire de meilleurs résultats en matière de performance. De telles personnes peuvent être capables d'enregistrer un journal alimentaire de 7 jours avec une charge réduite et beaucoup de précision. Être capable de surveiller la durée d'un microcycle d'entraînement est utile dans la mesure où cela permet d'évaluer la façon dont les habitudes de consommation d'aliments/boissons suivent les changements des besoins en matière d'entraînement et de compétition. Répéter cette évaluation à différents moments du calendrier sportif périodisé permettrait d'obtenir un tableau utile des pratiques alimentaires de l'athlète. En revanche, d'autres athlètes ne sont pas de bons candidats pour les journaux alimentaires, car leur mode de vie surchargé pourrait laisser peu de temps ou de disposition à enregistrer en temps réel la consommation alimentaire. Il est également improbable que l'imposition par un entraîneur d'une activité qui nécessite de l'effort quand l'athlète ne s'intéresse pas à la nutrition puisse produire des résultats utiles.

ERREURS DE DÉCLARATION DANS LES JOURNAUX ALIMENTAIRES

Les différentes erreurs dans les journaux alimentaires affectent les résultats de plusieurs façons. Dans certains cas, l'erreur consiste dans l'enregistrement inexact (l'athlète a mangé un aliment qu'il n'a pas pris en compte), alors que dans d'autres cas, le problème consiste en un repas atypique (l'athlète a mangé un aliment qui ne reflète pas ses pratiques habituelles).  L'étude approfondie de l'exactitude des journaux alimentaires dans la population générale a démontré que les erreurs de déclaration concernent la sous-estimation de la consommation alimentaire habituelle. Une étude systématique a démontré qu'environ 30 % des répondants dans les enquêtes sur l'alimentation ont largement sous-estimé leur véritable consommation et que, à travers les études, l'apport énergétique a été sous-estimé d'environ 15 % (Poslusna et al., 2009).  Les facteurs qui semblent la sous-déclaration dans la population générale comprennent les gros consommateurs d'apport énergétique, en surpoids et/ou qui surveillent leur poids (Livingstone et Black, 2003).

Bien que la tentation soit grande d'appliquer un facteur de correction sur les résultats des études, ceci n'est pas approprié pour les individus, puisqu'il est probable qu'il y ait dans les groupes des personnes qui surestiment de façon importante l'apport énergétique, d'autres qui le sous-estiment et d'autres encore dont les déclarations sont raisonnables. Par ailleurs, des études montrent que même si le degré de fausse déclaration de l'apport énergétique peut être déterminé, il n'est pas nécessairement lié avec la fausse déclaration concernant la consommation de nutriments. Certains types d'aliments ou de repas peuvent être plus susceptibles de faire l'objet de fausses déclarations, que ce soit à cause du caractère « inapproprié » de la déclaration (par exemple, les collations), de l'impossibilité à reconnaître qu'ils représentent une consommation (par exemple, les aliments et les boissons consommés pendant l'exercice) ou du désir de mieux manger qu'on ne le fait en réalité (par exemple, la réduction des aliments riches en lipides et en sucre, l'augmentation de la consommation de fruits et légumes).

Dans l'alimentation générale, les chercheurs essaient de valider les méthodes d'enquête alimentaire ou les données recueillies avec trois approches différentes. Celles-ci peuvent comparer l'information recueillie par rapport aux résultats d'une autre méthode, par exemple le questionnaire de fréquence de la consommation alimentaire par rapport au journal alimentaire. Cette méthode n'est pas complètement satisfaisante puisqu'elle implique généralement la comparaison d'un ensemble/type d'erreurs par rapport à un autre. La comparaison avec une observation de la consommation réelle est un exercice de validité possible, mais difficile à réaliser, notamment sur le long terme. Une comparaison avec un indicateur indépendant de la consommation ou du niveau de nutriments est généralement la méthode préférée, avec l'option d'inclure la comparaison de la consommation de protéines et de sodium déclarée par les sujets par rapport aux mesures urinaires de l'azote ou du sodium (Hedrick et al., 2012). Peu d'études de ce type ont été menées sur les athlètes. 

L'approche la plus courante pour vérifier la validité d'un journal alimentaire consiste à comparer l'apport énergétique à l'évaluation théorique ou mesurée de la dépense d'énergie, en prenant en considération les changements de composition corporelle pour évaluer le surplus ou le déficit énergétique et donc un indicateur de sous- ou de sur-déclaration de la consommation habituelle/nécessaire. Dans les paramètres de l'étude, la dépense énergétique peut être mesurée dans une chambre métabolique ou, chez les sujets vivant librement, avec de l'eau doublement marquée (Livingstone et Black, 2003; Trabulsi et Schoeller, 2001). Plusieurs études approfondies sur l'équilibre énergétique ont été menées sur les athlètes et la plupart d'entre elles ont démontré qu'il y a des écarts entre les apports énergétiques déclarés et les besoins énergétiques (Magkos et Yannakoulia, 2003). Les équations prédictives et les dispositifs de suivi portatifs (par exemple, Sensewear) offrent un autre niveau d'évaluation de la dépense énergétique à la fois dans les paramètres de recherche et pratiques, bien qu'une certaine précaution soit nécessaire concernant leur capacité à représenter exactement le coût énergétique des activités athlétiques de haut niveau. Beaucoup de chercheurs et de praticiens adoptent la limite de Goldberg (Goldberg et al., 1991), qui observe une consommation énergétique déclarée par rapport au taux métabolique de base mesuré ou prévu, pour identifier les habitudes alimentaires non plausibles et, donc, la fausse déclaration importante dans un enregistrement alimentaire (Livingstone et Balck, 2003).

ERREURS DANS L'ANALYSE QUANTITATIVE DES ÉLÉMENTS NUTRITIFS

Bien que les chercheurs et les praticiens évaluent souvent les données de consommation alimentaire d'un point de vue qualitatif en examinant les habitudes alimentaires à la lumière des comportements alimentaires recommandés, l'objectif de nombreuses activités d'évaluation alimentaire consiste à évaluer d'un point de vue quantitatif l'apport énergétique et la consommation d'éléments nutritifs. La réalisation traditionnelle de cette évaluation quantitative implique l'interprétation par l'enquêteur des données alimentaires déclarées par les sujets (par exemple, le journal alimentaire), les décisions de codage et l'entrée des données dans un programme informatique d'analyse alimentaire. Ces programmes accèdent à la base de données de la composition des aliments qui varie en termes de sources des données de composition des aliments, du nombre d'aliments inclus, de la plage d'éléments nutritifs à partir de laquelle les données sont disponibles et de la méthode d'analyse utilisée pour obtenir les données concernant les éléments nutritifs. Bien que les programmes informatiques d'analyse alimentaire soient aujourd'hui largement disponibles faciles à utiliser, il es recommandé que la saisie et l'interprétation des renseignements de l'enquête alimentaire restent confiées à des enquêteurs dûment entraînés qui utilisent des techniques normalisées et effectuent le recoupement de l'information (Braakuis et al., 2003). Cela peut aider à éliminer les erreurs et à réduire la variabilité dans les décisions, telles que la quantification des portions d'aliments décrites par les sujets et la fidélité des descriptions aux aliments contenus dans la base de données.  Évidemment, la disponibilité et la validité des données de composition alimentaire dans ces programmes d'analyse représentent une limitation majeure à la fin du processus d'évaluation alimentaire.

NOUVELLES TECHNOLOGIES POUR L'ÉVALUATION ALIMENTAIRE

Les méthodes traditionnelles d'évaluation alimentaire ont été largement développées comme des activités effectuées avec du papier et un crayon, même si, dans certains cas comme les questionnaires de fréquence de la consommation alimentaire, les questionnaires ont très tôt adopté le format électronique qui peut être rempli et évalué automatiquement. Cette automatisation réduit sensiblement la charge à la fois pour le sujet et l'évaluateur. Cependant, au cours de la dernière décennie, les progrès technologiques ont permis le développement de nouvelles options pour remplacer les questionnaires et les journaux écrits. Il existe un large choix de nouvelles méthodes où l'information relative à la consommation alimentaire peut être recueillie et traitée en tirant profit de l'utilité, de la portabilité et de l'ubiquité offertes par les gadgets électroniques d'aujourd'hui (Tableau 3). Beaucoup de ces options offrent des variations du journal alimentaire, avec des fonctions adaptées aux tâches de l'évaluation alimentaire et/ou du suivi alimentaire. Les études sont actuellement menées pour identifier la façon dont les fonctions de ces technologies et techniques peuvent améliorer le processus de recueil de l'information sur les pratiques alimentaires des populations spécifiques, y compris les athlètes (voir les analyses suivantes : Illner et al., 2012; Lieffers et Hanning, 2012; Stumbo, 2013).  Bien qu'il soit tentant de comparer simplement les résultats aux données recueillies par une autre technique d'enquête, il vaut mieux que des études soient effectuées pour valider les données alimentaires par rapport aux mesures plus fiables recueillies « sur le terrain », telles que les biomarqueurs ou les observations directes de la consommation alimentaire. Il est probable que malgré certains des avantages potentiels ou réels de ces nouvelles techniques, il y aura toujours des problèmes résiduels concernant la déclaration de l'information alimentaire par les sujets d'une population donnée.

IMPLICATIONS PRATIQUES ET RÉSUMÉ

  1. Les problèmes suivants doivent être pris en considération lors du choix d'une méthode d'évaluation alimentaire :
  • Validation : La technique a-t-elle été validée ou explorée en relation avec les athlètes?
  • Charge sur le sujet : Dans quelle mesure les demandes sont-elles compliquées, chronophages ou intrusives?
  • Caractéristiques du sujet : L'athlète est-il lettré, motivé et bien informé sur l'alimentation? Que cherche-t-il à obtenir de l'exercice?
  • Charge sur le chercheur : Combien de temps, d'expertise et de ressources sont nécessaires pour recueillir et traiter l'information?
  • Environnement de l'étude : À quels défis l'athlète est-il confronté pendant la période d'évaluation? Sera-t-il distrait ou menacé par l'information recueillie?
  • Domaines d'intérêt : Sommes-nous intéressés par l'apport énergétique, la consommation de macronutriments, de micronutriments et d'autres produits chimiques alimentaires, le moment de consommation au cours de la journée ou en rapport avec l'exercice, ou l'interaction des nutriments consommés en même temps?
  • Résultats de l'évaluation : Voulons-nous obtenir une information quantitative, qualitative ou de classement? Nous intéressons-nous à la consommation habituelle sur une longue période ou à la consommation spécifique sur une courte période?

2. Quand les méthodes prospectives sont utilisées (par exemple, les journaux alimentaires), il est raisonnable de s'attendre à ce que la plupart des athlètes sous-estiment leur consommation ou consomment des quantités inférieures aux quantités habituelles :

  • Les athlètes attentifs à leur poids/corps ou insatisfaits de l'image de leur corps présentent le risque le plus élevé d'erreurs importantes de sous-déclaration.
  • Les athlètes susceptibles d'offrir le meilleur niveau de précision en matière d'évaluations alimentaires sont ceux ayant de la confiance dans leurs habitudes alimentaires et l'image de leur corps et qui sont motivés pour recevoir une rétroaction de valeur.
  • La formation des sujets peut améliorer leurs compétences en matière d'enregistrement des données.
  • Le traitement des données des enregistrements alimentaires doit être effectué par un professionnel qualifié à l'aide de techniques normalisées.

Les résultats des journaux alimentaires doivent être interprétés en prenant en considération les erreurs de sous-déclaration ou de fausse déclaration, avec des vérifications de l'apport énergétique par rapport à la dépense énergétique mesurée ou prévue, ce qui permet de fournir des renseignements sur les fausses déclarations.

 

 

 


3. Les nouvelles technologies et les techniques d'évaluation alimentaire offrent les avantages d'une efficacité plus grande et réduisent la charge sur le sujet / le chercheur. Toutefois, nous devons valider ces techniques avant que nous assurer de leurs avantages et inconvénients.

4. L'interprétation de l'information déclarée par les sujets sur leur consommation alimentaire doit être soigneusement filtrée en prenant ne considération l'outil d'évaluation alimentaire et l'athlète qui l'a utilisé.


RÉFÉRENCES

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